Notre dette envers Churchill

Gérard Haddad est allé voir le film Les Heures sombres de Joe Wright. Et a pris conscience de ce que le monde doit à cet homme longtemps resté seul face aux nazis. 

Je me suis découvert ces derniers jours un point commun avec… Winston Churchill. Lequel ? J’ai comme lui la larme facile. J’ai fait cette étonnante constatation en allant voir ce beau film, n’en déplaise à certains, Les Heures sombres.

© Universal Pictures

Ce film raconte les quelques jours du mois de mai 1940 où Churchill, complètement seul, contre les caciques de son parti qui complotent pour faire voter une motion de censure et le remplacer par ceux qui souhaitent traiter avec Hitler. Seul contre le roi, du moins dans un premier temps. Seul contre les Français qui le prennent pour un dangereux malade. Seul contre Roosevelt qui lui propose un rocambolesque envoi de chevaux. La situation est désespérée. Les 300 000 soldats de l’armée anglaise, presque toute l’armée, sont assiégés à Dunkerque sans moyen pour les ramener sur l’ile. Et Churchill tient bon dans cette totale solitude. On ne traite pas avec le plus grand criminel que l’humanité ait jamais enfanté.

Devant cette sidérante reconstitution de ces quelques jours où notre destin bascule, mon destin, le vôtre, celui de chacun, on découvre que ce destin, que nos vies, reposaient sur les épaules de cet homme à la fois fragile et indestructible, porté sur l’alcool et infiniment lucide, drôle et tragique. Alors comment ne pas écraser une larme, et même plusieurs quand celui-ci, lassé par la lâcheté de ses « amis » descend pour la première (et sans doute la dernière) fois de sa vie dans le métro londonien, histoire de tâter le pouls du brave peuple, le voici parmi des passagers du tube qui n’en croient pas leurs yeux.

Capituler ou se battre

Il leur expose clairement la situation catastrophique où le pays se trouve et le choix entre négocier, en l’occasion capituler, ou se battre quel qu’en soit le prix. Se battre répond la poignée de simples gens qui l’entourent ! Emu, il essuie une larme.

Churchill dans le métro londonien © Universal Pictures

-Vous pleurez Monsieur ? lui demande une jeune fille.
-Oui, répond Churchill, j’ai la larme facile. Il faudra vous y faire. Je n’ai pas résisté pour laisser couler la mienne.
Que faire pour sauver cette armée encerclée à Dunkerque ? Churchill a une idée folle, puérile, superbe. Dans cette ile où les pécheurs sont nombreux comme le sont aussi ceux qui possèdent une barque, un petit bateau à voile ou à moteur, il lance cet appel à ces simples gens : allez ramener notre armée ! C’est l’opération Dynamo. Et voilà que se lève sur le champ une armada d’esquifs, à la rame, à la voile, à moteur, partis traverser le Channel. Des milliers ! Qui ramènera deux soldats, qui trois ou quatre ! 270 000 soldats sont ainsi arrachés aux griffes nazies. Comment ne pas écraser encore une larme ! Que vaut l’épopée de l’Iliade ou la Chanson de Roland comparées à cette épopée là ?

Et ce verbe churchillien, digne d’un prophète ! «  Je veux insuffler à ce peuple la bravoure qu’il ne sait pas posséder. »
Dire que de petits esprits nient le rôle de certaines personnalités dans l’histoire.

Je n’avais de Churchill qu’une idée lointaine. Ce film, en le ressuscitant sous les traits d’un merveilleux acteur comme seuls les Anglais savent en susciter, m’a permis de saisir la dette que chaque homme libre a à son égard.

Par Gérard Haddad

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