Art contemporain africain : trois questions à Touria El Glaoui

Dans le prochain numéro de La Revue qui sort le 31 décembre prochain, un portfolio est consacré à l’art contemporain africain. La Revue a rencontré Touria El Glaoui, Fondatrice et directrice de 1-54 Contemporary African Art Fair November 2020 qui organise chez Christie’s le 20 janvier prochain une foire très attendue. Elle répond à trois de nos questions et commente un des trois coups de coeur qu’elle a sélectionnés pour La Revue – retrouvez les deux autres dans le numéro 91-. La semaine prochaine nous publierons le point de vue d’un autre spécialiste, Christian Person qui vient d’être nommé directeur du département art africain chez Artcurial et qui commente également ses coups de coeur dans le prochain numéro de La Revue.

La Revue : Vous organisez une foire chez Christie’s à Paris le 20 janvier prochain. Comment se déroulera-t-elle?

Touria El Glaoui : « 1-54 » accueillera une vingtaine de galeries dans les locaux somptueux de Christie’s situés dans entre les Champs Elysées et le Faubourg Saint-Honoré. Nous présenterons une sélection de 15 à 20 galeries issues d’Europe et d’Afrique qui exposeront des oeuvres de plus de soixante artistes venant d’Afrique et de sa diaspora.

Nous prenons la situation sanitaire actuelle très au sérieux et travaillons sans relâche pour recevoir notre public dans les meilleures conditions possibles. Nous allons mettre en place toutes les précautions nécessaires en accord avec les préconisations du gouvernement français pour s’assurer que l’accueil de nos équipes, de nos galeristes et visiteurs se déroule en toute sécurité et sérénité. Nous avons relevé ce défi lors de l’organisation de la huitième édition de 1-54 Londres en octobre et sommes confiants que ce sera de même pour 1-54 Paris en janvier 2021.

L’art contemporain africain est en plein développement. A quoi attribuez-vous cette tendance ?
Je ne pense pas que le marché de l’art contemporain africain soit en plein ‘boom’; il s’agit plutôt d’une croissance graduelle et les prix appliqués continuent d’être relativement inférieur en comparaison aux autres marchés. L’attention soudaine que lui accorde le marché de l’art international est méritée et le résultat d’un travail hardi mené par des institutions et des individus issus du continent africain pendant plus d’une décennie. L’ouverture d’espaces d’art commerciaux en Afrique, que ce soit des maisons de vente aux enchères, des foires d’art, galeries et autres ont grandement contribué à la croissance de ce marché et renforcé sa pérennité.

Quels sont les artistes qui émergent ?

J’ai toujours des difficultés à répondre à cette question car un grand nombre d’artistes ont construit des carrières fulgurantes. Cependant, je remarque que les villes qui soutiennent la pratique artistique telles que Lagos, Johannesburg, Dakar, Cape Town et Marrakech ont engendré des artistes dont les créations sont les plus engageantes. Les artistes émergents ont besoin de temps et d’espace pour expérimenter et établir leur pratique et atteignent leur potentiel lorsque des structures sont présentes pour le leur permettre.

Vos derniers coups de cœur ?

Récemment, j’ai été très touchée par les oeuvres de l’artiste sud-africaine DuduBloom et de l’artiste galloise- ghanéenne Anya Painstil qui toutes deux utilisent le médium du textile dans leur pratique. Elles sont fraîchement diplômées d’écoles des Beaux-Arts et ont vendu l’intégralité de leurs œuvres exposées lors de la dernière édition de 1-54 Londres. Très impressionnant ! D’ailleurs, Dudu et Anya ont récemment pris part à une discussion passionnante pour un 1-54 Webinar. Je vous suggère de l’écouter sur 1-54 Forum podcast disponible sur les principaux diffuseurs de podcast.

Comment êtes-vous devenue une spécialiste mondiale dans ce domaine ?

Ayant grandi au Maroc avec un père qui était un artiste proéminent, mon enfance est peuplée de souvenirs de visites de musées et de conversations en compagnie d’artistes. Cependant, ce sont mes voyages à travers l’Afrique, pendant ma carrière dans la télécommunication qui m’ont permis de m’imprégner des diverses scènes artistiques sur le continent,à la rencontre d’artistes et de galeristes ainsi que la découverte d’institutions indépendantes.

Lorsque j’ai créé 1-54, j’ai eu la chance de m’entourer d’individus qui étaient les agitateurs de la sphère artistique africaine et qui furent de bons conseils. C’est grâce à eux et à mes voyages que j’ai pu acquérir des connaissances profondes et croître ma passion pour l’art contemporain africain.

Ci-dessus : le coup de coeur de Touria El Glaoui pour Nú Barreto, représenté par Galerie Nathalie Obadia.

« Les dessins de Nú Barreto (vit à Paris) font référence aux disparités socio- économiques de son pays d’origine, la Guinée-Bissau. Principalement excécutés au crayon et à la peinture acrylique aux tons rouge vif, les collages de Nú Barreto révèlent un alter égo en souffrance qui a peur et qui représente les déséquilibres socio-économiques actuels. Malgré la dureté des thèmes abordés dans son travail, les œuvres de Nú trahissent une intelligence émotionnelle distincte. En cela, j’admire et respecte beaucoup son travail. »

• Où trouver La Revue dans les kiosques : https://web2store.mlp.fr/produit.aspx?edi_code=Bacx24WYCWE%3d&tit_code=GEKQ%2f3N6Dgs%3d

• La boutique abonnement de La Revue : https://www.laboutiquejeuneafrique.com/common/categories/1539

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