Paris-Marseille : villes rivales. Les vertus du football

Membre du comité éditorial de La Revue pour l’Intelligence du Monde, notre collaborateur, Gérard Haddad, signe ce billet d’humeur :

Depuis que la pandémie s’est abattue sur nous, avec son funèbre cortège de confinements et couvre-feux en tout genre, je n’ai pas tardé à trouver la parade à l’abattement qui me menaçait : me rendre à Marseille ! La promenade le long de ma chère Méditerranée se révèle le meilleur des antidépresseurs. J’ai du même coup renoué avec un collègue, appelons-le Marius, un électron libre de la psychanalyse comme moi. Il vient parfois à Paris et je descends régulièrement dans la ville phocéenne. Nous avons ainsi pris l’habitude de dialoguer, dans le genre « Lettres persanes » d’un autre illustre provincial, un de ces provinciaux qui ont produit la belle culture française.

Peut-on imaginer une ville plus cosmopolite que Marseille ? Beurs, Feujs, Manouches, Arméniens, et des représentants de chacun des pays d’Afrique se côtoient. « Comment se fait-il, ai-je demandé à Marius, que ses gens vivent ensemble, mon dieu, plutôt en paix ? Comment faites-vous, alors que les banlieues de la capitale semblent toujours sur le point d’exploser ? »

Marius sourit. J’insiste.
« Nous avons un secret », finit-il par lâcher.
« Mais lequel ? »
Il sourit à nouveau à mon grand agacement. « C’est un effet de l’amour », me dit-il. De l’amour ? Amour de quoi ? « Les Marseillais aiment leur ville, ils en sont fiers. Est-ce que les Parisiens aiment toujours Paris ? J’ai entendu dire qu’il y a un malaise de ce côté-là.  »
« Et c’est cela votre secret ? Et comment fait-on pour susciter l’amour de sa ville ? »

Marius en a un peu assez. Il finit par lâcher le morceau. « C’est le stade Vélodrome, notre secret. »
Je suis déçu et surpris par cet aveu.
« Je savais que tu ne comprendrais pas, me dit-il. Ce stade n’est pas un stade mais un temple, c’est le cœur de Marseille. Les Marseillais aiment le football et ils aiment leur équipe. Un intello comme toi n’ira jamais voir un match de foot au stade. Ça vaudrait pourtant la peine, ne serait-ce que comme anthropologue. Tu verrais assis côte à côte, le bourgeois et le prolétaire, le beur et le feuj, comme tu dis, communiant dans l’amour de leur ville. »

Ainsi s’est forgé ce sentiment marseillais d’accueil et de partage. Le football comme thérapie des conflits communautaires. Et si Marius avait raison ? J’envisage de poursuivre notre dialogue.

G. H.

#paris, #marseille


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