Danone : Emmanuel Faber, le patron humaniste et atypique évincé !

Sa situation était de plus en plus intenable à la tête de Danone. Emmanuel Faber a été évincé par le conseil d’administration du géant français de l’agroalimentaire et remplacé par l’ex-patron du fabricant de matériel électrique Legrand, Gilles Schnepp, 62 ans. Cette décision a été prise dans « une ambiance à couteaux tirés “avec effet immédiat”. Le Figaro nous apprend qu’outre lui-même, Jean-Michel Severino, l’administrateur référent, et les deux représentants des salariés, seuls un ou deux fidèles, dont Gaëlle Olivier, avaient voté en faveur de son maintien à la présidence.

Gilles Schnepp, 62 ans, va prendre la tête du conseil d’administration mais le groupe est toujours à la recherche d’un nouveau directeur général “d’envergure internationale”.

Emmanuel Faber, 57 ans, était directeur général depuis 2014 et PDG depuis 2017.

Depuis plusieurs mois, des d’actionnaires exigeaient la dissociation des fonctions de président et de directeur général pour redoper les résultats du groupe malmené par la pandémie de Covid-19 et distancé par ses concurrents : Nestlé ou Unilever.

Le 1er mars dernier, Emmanuel Faber avait accepté de dissocier les deux postes, le PDG sortant gardant la présidence. « Si nous sommes deux, au lieu d’un seul, nous serons plus forts », avait-il assuré.

Mais il n’a pas pu tenir face à la pression des fonds d’investissement, Artisan Parters et Bluebell Capital Partners qui réclamaient son départ ferme. «Avec M. Faber comme président, le directeur général à venir n’aura pas la latitude nécessaire pour fixer un nouveau cap. Le nouveau directeur général pourra simplement mettre en œuvre la stratégie déjà établie par M. Faber, et dans ces circonstances, il est très improbable qu’un dirigeant de classe mondiale accepte ce rôle.»

Gilles Schnepp vient donc d’être nommé vice-président du conseil, à côté de Cécile Cabanis, l’ex-directrice générale finances de Danone. Le groupe sera piloté par un tandem formé par Véronique Penchienati-Bosetta, directrice générale international, et Shane Grant, directeur général Amérique du Nord.

Le plan de réorganisation et de réduction des coûts, qui a pour nom « Local First » lancé par Emmanuel Faber, -et voté par les administrateurs comme il le rappelait- a été aussi suspendu. Il consistait notamment à fusionner les entités eaux, produits laitiers frais et nutrition infantile et spécialisée. Ce plan aurait entrainé jusqu’à 2 000 suppressions de postes sont prévues, dont 500 en France. Diplômé d’Hec, Emmanuel Faber avait débuté sa carrière comme banquier d’affaires. En 1997, il intègre Danone où ancien directeur financier, il était devenu directeur général en 2014, avant d’obtenir les pleins pouvoirs en 2017, adoubé par Franck Riboud. « Emmanuel connaît par coeur le groupe et a participé à toutes les grandes décisions stratégiques depuis le début« .

« Sans justice sociale il n’y a plus d’économie. »

Emmanuel Faber était conscient de la fragilité de sa situation mais il espérait que les performances de la division produits végétaux, une diversification de Danone qu’il a menée à la suite de l’acquisition de l’américain Whitewave en 2016 lui laisseraient du temps pour sauver son poste de Président. Ce passionné d’alpinisme, père de trois enfants, a dévissé avant.

Il s’était fait connaître du grand public par un discours tenu devant les diplômés d’HEC en juin 2016 plaidant pour la justice sociale. Il avait évoqué la mémoire de son frère décédé qui était atteint d’une maladie mentale. « Désormais après toutes ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, de la globalisation, c’est la justice sociale. Sans justice sociale il n’y aura plus d’économie (…)A cause de lui, j’ai découvert l’amitié de SDF, de temps en temps je vais dormir avec eux (…) je suis allé dans des bidonvilles à Dehli, Bombay, Nairobi, Djakarta, Aubervilliers, et à la jungle de Calais ».

Emmanuel Faber avait publié en 2011 « Chemin de traverse, vivre votre économie autrement », qu’il qualifiait « d’anti-livre de management ». « Il y a eu une dérive des dogmes et des pratiques de l’économie, très marquée depuis 25 ans, vers la finance. Avec une l’idée que le rôle d’une entreprise, son but, c’est de maximiser la valeur qu’elle crée pour ses actionnaires ».

Patron humaniste et atypique, il vient d’en faire les frais…

N.P

#danone, #emmanuelfaber

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