Covid-19 : halte aux fake news ! Le billet d’Alain Faujas

Notre collaborateur donne son point de vue sur le traitement de la Covid-19 et sur toutes les rumeurs qui circulent autour de la pandémie :

Et maintenant le virus indétectable !

Mes confrères m’énervent. Que ne feraient-ils pas pour susciter l’achat, le like ou le clic !

Pour attirer les chalands affamés d’informations que nous sommes devenus dans ces temps perturbés, ils multiplient les articles et surtout les titres anxiogènes en particulier sur ce fichu virus.

Ils nous annoncent un nouveau confinement tous les jours. Ils insistent d’une minute à l’autre sur les retards regrettables de la vaccination, puis sur les dangers de la vaccination. Ils vont chercher des virologues, épidémiologues, pneumologues, neurologues, psychologues, urgentistes, et j’en passe ! pour nous décrire les catastrophes qui nous attendent si l’on ne durcit pas la lutte contre le coronavirus. Dans la foulée, ils donnent la parole aux comédiens, aux restaurateurs, aux responsables des remontées mécaniques des stations de sports d’hiver qui dénoncent l’imbécilité des interdictions qui leur sont faites d’exercer leur métier.

Ils interrogent une philosophe, une avocate, un catholique tradi ou un franc-maçon qui se dressent contre les lois liberticides qui nous retirent le droit d’aller et de venir, de rencontrer qui et quand je veux, de célébrer Dieu ou l’idéal républicain comme je veux.

L’instant d’après, vous entendrez un micro-trottoir interroger Madame Michu qui affirme de façon péremptoire que le confinement du week-end et du littoral est une plaisanterie et qu’il conviendrait d’enfermer tout le département et pour plus d’une semaine. Le pompon, c’est l’annonce par un journal de province qu’on a découvert un variant du virus « indétectable ». Ben voyons!

Il y en a pour tous les goûts ou plutôt pour toutes les frousses et pour toutes les colères et cette démagogie n’est pas digne de notre métier. L’information, c’est donner au lecteur, à l’auditeur, au téléspectateur, à l’internaute les moyens de comprendre les événements et pas de leur injecter un supplément d’adrénaline. Dans les pires moments où les boussoles et les certitudes s’affolent, le journalisme a plus que jamais pour mission d’apporter de l’intelligence, donc de la distance, de la raison grâce à des informations validées – autant que possible – et grâce à des analyses balancées.

Ce qui suppose que le journaliste réfléchisse un minimum avant d’écrire, de parler ou de montrer. Aujourd’hui, cette vraie mission de service public semble hors de portée d’un grand nombre de mes confrères. Cela m’énerve.

#covid-19, #fake news

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