Art contemporain africain : trois questions à Christophe Person

Christophe Person. © D.R.

Dans le numéro 91 de La Revue, qui paraît jeudi 31 décembre, un portfolio est consacré à l’art contemporain africain. Nous avons rencontré Christophe Person, spécialiste en la matière et qui vient de rejoindre la maison Artcurial.

Fort de cinq années d’expérience dans cette spécialité, Christophe Person ambitionne de sensibiliser un nombre croissant de collectionneurs à la richesse et à la diversité de la création artistique moderne et contemporaine d’Afrique et de la diaspora.

Convaincu que les artistes africains portent un regard contemporain et pertinent sur le monde, Christophe Person aura à cœur de proposer un panorama exhaustif d’œuvres d’artistes de toutes générations et de toutes origines, et dont les trajectoires personnelles et artistiques offrent un éclairage renouvelé sur les enjeux de société. Diplômé d’HEC Paris et du Master Art, Law & Business de l’institut Christie’s Education à Londres, Christophe Person a travaillé une dizaine d’années dans la finance entre Paris et Londres. Au quotidien, il était notamment chargé de fundraising pour des entreprises sociales dans les pays en développement en Afrique et en Asie. Il a par la suite travaillé près de cinq ans chez PIASA où il a créé et développé le département d’art contemporain africain. Résolument engagé dans la promotion et la valorisation de la création en Afrique, et convaincu de l’importance de susciter et d’encourager les événements sur le Continent, Christophe Person est le président et fondateur de BISO, la première Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou. Il est également membre de l’Advisory Board de la Fondation Josef et Anni Albers, basée au Connecticut qu’il conseille dans un projet de construction de Musée au Sénégal. Enfin, il est membre du comité de sélection pour l’exposition itinérante « Exception d’Afrique » dont la première étape célèbrera les métiers d’art et de la création du continent africain et de sa diaspora.

La Revue : vous venez de rejoindre Artcurial ? Quelle est votre mission ? Quels évènements allez-vous mettre en place en 2021 ? 

Christophe Person : J’ai rejoint Artcurial pour développer les ventes d’art contemporain africain. L’objectif est d’organiser en 2021 des ventes sur cette spécialité à Paris et à Marrakech. Je souhaite montrer la richesse et la diversité de la création contemporaine au travers les époques et sur l’ensemble du Continent.

Comment êtes-vous devenu un spécialiste mondial dans ce domaine ? 

J’ai passé quelques années à travailler dans la finance, car un débouché professionnel dans l’art n’était pas une évidence lorsque j’ai débuté ma carrière, mais je suis passionné d’art depuis toujours et mon intérêt s’est renforcé au gré de voyages, et de rencontres avec des collectionneurs ou des acteurs du marché. Au même titre que la littérature, le théâtre, le cinéma ou la mode, l’histoire de l’art permet de comprendre une culture et son histoire, c’est ce qui me plaît dans cette discipline. L’art contemporain, quant à lui, nous éclaire sur les enjeux de société actuels. Les mouvements artistiques importants apparaissent souvent lors des périodes de rupture, comme celle que nous éprouvons aujourd’hui, sur ces sujets les artistes africains ont indéniablement pris la parole.

Ma rencontre avec l’art africain a eu lieu lors de voyages également, en Afrique bien entendu mais aussi lors de la Biennale de Venise de 2015 qui a montré un grand nombre d’artistes africains et a révélé la richesse et la diversité de cette création artistique.

Quels sont vos derniers coups de cœur ? 

Contexte sanitaire oblige, mes coups de cœurs qui sont pour la scène camerounaise, je les vis à distance par Instagram, WhatsApp et au téléphone. A plusieurs reprises j’ai déjà montré aux enchères des jeunes artistes du Cameroun et je trouve que nombre d’entre-eux ne cessent d’améliorer leur travail. Chacun avec leur singularité ils nous montrent une jeunesse globalisée, en mouvement. Ils véhiculent des message d’actualité, c’est pourquoi leur art plaît énormément sur la scène internationale. Si les voyages avaient été plus simples, j’avais prévu d’aller rencontrer l’écosystème de l’art à la fin d’année, mais comme beaucoup d’amateurs et de collectionneurs je suis un peu frustré de ne plus pouvoir faire les galeries et de rencontrer les artistes dans leurs ateliers. 

Le chef (celui qui a vendu l’Afrique aux colons), 2007, 124 × 124 cm.

Ci-dessus : le coup de coeur de Christophe Person pour Samuel Fosso, représenté par Jean-Marc Patras.

Christophe Person : « Originaire du Cameroun, Samuel Fosso découvrela photographie à Bangui puis en République centrafricaine. Il réalise les portraits des habitants de la région sur fond de décor de tissus africains. Avec Le chef, Fosso se joue des clichés occidentaux sur la représentation des chefs africains. Coiffé de la toque royale du dictateur Mobutu Sese Seko, le personnage est représenté en chef traditionnel. Son narcissisme se reflète dans les miroirs des tissus sur lesquels sont représentés des portraits de présidents. Les lunettes de soleil et les chaussures renvoient à l’attrait du monde occidental. »

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