L’édition en deuil : la légende Jean-Claude Fasquelle s’est envolée

Le monde de l’édition est en deuil : Jean-Claude Fasquelle, figure de légende est décédé à l’âge de 90 ans, ont annoncé samedi les éditions Grasset qu’il a dirigées pendant avec succès pendant de nombreuses années via un communiqué sur Twitter.« Les Éditions Grasset & Fasquelle ont la grande tristesse d’annoncer le décès de Jean-Claude Fasquelle, ancien Président-directeur général de la maison de 1981 à 2000 ».

On a coutume de dire que Jean-Claude Fasquelle était né dans les livres. Il était le petit-fils de l’éditeur de Zola et son père a été l’éditeur de Marcel Pagnol et de Jean Rostand. Il avait été PDG des éditions Fasquelle dès l’âge de 23 ans en 1953, avant la fusion en 1960 avec les éditions Grasset. Il devient alors directeur général avant d’en prendre la tête en 1981 jusqu’en 2000, date à laquelle il laisse sa place à Olivier Nora. Il confie alors : « Un rapide coup d’œil sur ma date de naissance (1930) suffirait à expliquer la décision que j’ai prise d’organiser, maintenant, l’avenir et le développement d’une maison à la direction de laquelle j’ai consacré 47 ans». Ce qui ne l’empêchera pas de rester actif en coulisses : administrateur des éditions de Fallois, il permet à Joël Dicker de signer son premier succès, « La vérité sur l’affaire Harry Quebert.» En 2015, il prend une participation dans la maison d’édition de son grand ami Umberto Eco en Italie, La nave di Teseo («Le bateau de Thésée»).

C’est lui qui avait fait venir chez Grasset Umberto Eco ou le prix Nobel Gabriel García Marquez, et bien d’autres auteurs, Bernard-Henri Lévy, Yann Moix, François Weyergans, Frédéric Beigbeder, Amin Maalouf, Hervé Bazin, Michel Onfray. La liste est longue. Il avait constitué une solide équipe autour d’Yves Berger, François Nourrissier et Françoise Verny. Il savait aussi donner sa chance à un premier roman, comme celui de Virginie Despentes au titre provocateur, « Baise moi ».

Les années 80 marquent le règne de Jean-Claude Fasquelle : Grasset remporte 4 prix Goncourt, 4 Renaudot, 5 Médicis et 7 interalliés. L’imposant Jean-Claude Fasquelle – 110 kilos pour 1m 90-acquiert alors la réputation de manœuvrer en coulisses.

Polyglotte, il lisait aussi bien les manuscrits en français, en italien, en anglais, en allemand qu’en espagnol.

Il avait la réputation de signer de généreux à-valoir et de protéger les siens. Comme le note Le Figaro, il « choyait Daniel Rondeau, protégeait son vieux complice Bernard Frank, expédiait Jacques Laurent à l’Académie française. »

Jean-Claude Fasquelle avait également été directeur du mensuel Le Magazine littéraire.

« Un éditeur de cape et d’épée », pour BHL

Il disait volontiers : « Un éditeur, c’est un peu un armateur. On arme des bateaux, on choisit la voilure, la date d’appareillage, on choisit une partie de l’équipage, on remplit la cale, on réfléchit au trajet qu’il lui faudra accomplir. Et on attend. Certains s’échouent en sortant du port, d’autres veulent faire un tour du monde, alors qu’ils devraient se contenter de rallier la côte d’en face. Et quelques-uns vont en pleine mer, triomphent des tempêtes et reviennent au port victorieux. Alors, on fait la fête. »

Bernard-Henri Levy a fait part de son « grand chagrin » sur Twitter. Un éditeur de cape et d’épée. Un immense lecteur à l’ancienne. Toute la poésie, le romanesque, l’esprit d’aventure du monde (de l’édition) d’hier »Une légende de l’édition s’est envolée.

Jean-Claude Fasquelle a rejoint sa fille, Ariane qui avait disparu en 2016 et son grand amour Nicky, victime du Covid au printemps 2020.

NP

#grasset, #jeanclaudefasquelle

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