Goncourt 2020 : Hervé Le Tellier, tout sauf une anomalie…

C’est une première : contexte de crise sanitaire oblige, le lauréat du très attendu Goncourt 2020 a été dévoilé en visio par son président Didier Decoin et non devant le célèbre restaurant parisien Drouant.

Hervé Le Tellier, grand favori, est couronné pour son livre L’Anomalie (éd. Gallimard). Etaient également en lice : Les Impatientes, de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas), L’Historiographe du royaume, de Maël Renouard (Grasset) et Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo (Verdier). Il devance largement, huit voix contre deux à Maël Renouard.

Emu, Hervé Le Tellier, 63 ans, a confié : «On ne s’attend jamais à un prix comme le Goncourt. D’abord on n’écrit pas pour l’avoir, et puis on ne peut pas s’imaginer l’avoir. Ce n’était pas du tout dans mes projets».

Il s’agit du huitième roman d’Hervé Le Tellier.

L’Anomalie, raconte les suites d’un événement étrange, à savoir qu’un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d’intervalle…

Hervé Le Tellier est membre de l’Oulipo, un groupe littéraire qui s’amuse des contraintes et paradoxes de la langue française pour en tirer une nouvelle liberté d’expression. Et il le prouve avec beaucoup de talent dans son ouvrage couronné ce jour. L’anomalie est à la fois un récit policier, d’aventure, d’amour qui s’inspire des codes de séries. « Ce livre-là, j’avais envie de l’écrire depuis assez longtemps, c’est-à-dire ce type de livre qui mélange à la fois ce que je sais des sciences, des hypothèses sur le virtuel et sur l’idée qu’il est possible de simuler la réalité, et puis des questions plus intimes et philosophiques (…) Je déteste l’irrationnel, je trouve que ça n’a aucun sens”.

Hervé Le Tellier le reconnait : »Si je n’étais pas membre de l’Oulipo, j’aurais écrit un roman très différent ». Il est le premier écrivain de ce groupe à recevoir le prix Goncourt.

L’auteur de « assez parlé d’amour » aurait pu faire carrière dans les mathématiques – sa mère le poussait à devenir polytechnicien et à réussir là où son père un ancien ouvrier devenu ingénieur avait échoué- mais il a préféré se tourner vers le journalisme scientifique. «J’ai intégré le CFJ, où j’ai été reçu et, très vite, je suis entré dans des journaux de science (…) Entre être un mauvais mathématicien et un journaliste médiocre, j’ai choisi d’être un journaliste médiocre: ça se voit moins”.

Il a sorti son premier livre en 1984.

Dans « Toutes les Familles Heureuses », livre qui est sorti en 2017 chez Jean-Claude Lattès, il a raconté comment à l’âge de 15 ans, il a voulu fuir sa famille « à laquelle il a été assigné. » Enfant unique, il reconnait dans une interview au Monde que « diagnostiquer que sa mère est folle, n’est pas facile. ( …) Ma mère avait quitté mon père, je le voyais très peu. Une fois l’an ou tous les deux ans. Quant à mon beau-père dont je porte le nom, il ne portait pas les cases normalement dévolues à un père. On était dans le conflit. »

Il multiplie les petits boulots pour gagner sa vie et financer ses études. Il a été flasheur à Libération, gardien de nuit dans un hôpital psychiatrique, brancardier sans une morgue… Il se rapproche aussi de la Ligue Communiste révolutionnaire qu’il délaissera assez rapidement. Cette époque correspond aussi à une autre épreuve qu’il vit sur un plan sentimental : le suicide de sa fiancée qui était alors enceinte de quatre mois. « Ce jour là je perds une jeune femme toute jeune que je connaissais depuis six mois et une famille qui était en train de m’adopter. J’ai tout cacher pendant vingt ans. »

Fort du succès d’Anomalie, Hervé Le Tellier indique qu’il va pouvoir continuer à écrire des livres dont il a envie sans subir la moindre pression. « Je ne me sens pas obligé de faire un nouveau best seller. Les trois ans qui viennent vont être agréables du moins si l’épidémie s’arrête. J’avais une vieille Dacia Break, je viens d’en acheter une nouvelle. Je reste un garçon raisonnable ! »

Avec la réouverture des librairies, le lauréat 2020 est assuré de vendre plus de 400 000 exemplaires. Il en a vendu presque le double à ce jour !

Didier Decoin, le président du jury, espère que ce roman soit adapté sous forme de série ou sur grand écran. « C’est vrai qu’il y a une vraie dimension cinématographique. Il y a une arche narrative, comme on dit dans le vocabulaire de la série. » Une idée qui ne déplait pas au lauréat 2020…  » Ça ne me déplairait pas de voir ce livre incarné sur l’écran« .

A noter que le prix Renaudot a été attribué à Marie-Hélène Lafon pour Histoire du fils (Buchet-Chastel). Le Renaudot de l’essai est, lui, attribué à Dominique Fortier pour Les Villes de papier. Une vie d’Emily Dickinson (Grasset).


#goncourt, #HervéLeTellier, #LAnomalie



#courrierducoeur, #gérardhaddad, #bettymilan

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est RV90_cover_HD-703x1024.jpg.
Le numéro 90 (octobre-novembre-décembre 2020) de La Revue,
dans lequel vous pourrez lire entre autres un article de quatre pages (par Olivier Marbot)
sur Kamala Harris, nouvelle vice-présidente des États-Unis.

• Où trouver La Revue dans les kiosques : https://web2store.mlp.fr/produit.aspx?edi_code=Bacx24WYCWE%3d&tit_code=GEKQ%2f3N6Dgs%3d

• La boutique abonnement de La Revue : https://www.laboutiquejeuneafrique.com/common/categories/1539

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est RV90_Abonnement-2-703x1024.jpg.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*