Be my guest

Lors du sommet franco-britannique de Sandhurst, Emmanuel Macron a évoqué le Brexit et mis la Grande-Bretagne face à ses responsabilités. 

Les traductions fleurissent : « je vous en prie », « ne vous gênez pas », « allez-y », « faites-vous plaisir »… l’expression « be my guest » est tellement fréquente chez nos amis britanniques que son sens exact dépend de l’intonation et de l’expression de celui qui l’emploie. Lorsque le président Macron, reçu solennellement par son homologue britannique à Sandhurst, a interrompu sa réponse en français à une question d’un journaliste pour s’exclamer « be my guest » son sourire légèrement moqueur a fait qu’un journaliste français a traduit son expression par « bon courage ». Je subodore que cette traduction est la bonne. Bon courage : j’aimerais bien que vous y arriviez mais cela ne va pas être facile !

La presse britannique, pas toujours très francophile, a dans l’ensemble fort bien réagi à l’intervention de Macron. Elle a salué la clarté de son message : « Si vous voulez que votre City profite du marché commun il n’y a que deux possibilités : soit vous prenez modèle sur l’exemple norvégien soit vous restez dans l’Union européenne… c’est aussi une solution ! » Les rires qui ont salué la chute de l’exposé de Macron montrent que les Britanniques savent très bien que le Brexit passe de moins en moins bien dans leur propre opinion.

Le modèle norvégien

Certes, après le vote décidant la sortie du Royaume-Uni de l’UE, il n’y a pas eu tout de suite les drames économiques que certains prévoyaient, mais les premiers effets mauvais commencent à se faire sentir : la livre a perdu 13% de sa valeur vis-à-vis de l’euro sans bénéfice visible pour l’économie mais avec une conséquence très négative sur le pouvoir d’achat : la hausse des salaires ne compense pas la croissance de l’inflation.

Si les Britanniques avaient à voter aujourd’hui ils rejetteraient presque sûrement le Brexit mais ils sont trop fiers pour aller à Canossa, ils sont trop nobles pour se prosterner devant les instances bruxelloises et leur dire « Nous nous sommes trompés, vous êtes les meilleurs, nous revenons vers vous. » Macron le sait bien et c’est pourquoi, bien qu’il s’en défende, il leur donne un conseil : « Quittez l’UE puisque vous l’avez voulu, mais restez dans l’Espace économique européen, suivez l’exemple de la Norvège. »

La solution a l’avantage de permettre à la Grande-Bretagne de sauver la face tout en conservant les avantages économiques du plein accès au marché européen. L’Irlande n’est plus coupée en deux, la City est sauvée, l’agriculture et la pêche n’obéissent qu’aux règles locales mais le rêve d’indépendance reste… un rêve.

L’accès à l’EEE a un coût. Il faut payer une contribution presque égale à celle demandée par l’UE, il faut respecter les règles du marché unique et admettre que le respect de ces règles est assuré par des juges supranationaux. Et surtout, il faut respecter le principe de la libre circulation des personnes qui permet à tout citoyen de l’espace de s’implanter là où il veut quand il veut. Avec le modèle norvégien, le plombier polonais revient ! Dur, dur pour les Brexiters les plus farouches. Mais y a-t-il une meilleure solution pour le Royaume-Uni et pour l’Europe ? Emmanuel Macron ne le pense pas ; en prônant le modèle norvégien il montre la voie. Mais pour Theresa May ce ne sera pas facile.

Bon courage ! Be my guest !

Par Etienne Copel

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