Cherchez les Africains… 

« Un monde de brutes ». C’est sous ce titre que l’hebdomadaire Courrier international annonce à la Une de son numéro du 1er novembre le dossier qu’il consacre aux hommes forts qui, un peu partout dans le monde, mettent chaque jour un peu plus à mal le modèle démocratique que l’on croyait devoir l’emporter définitivement sur la dictature, qu’elle soit de droite ou de gauche.

Même si aucune légende ne les identifie, on reconnaît assez facilement ces sinistres personnages. En première ligne, le Russe Vladimir Poutine et le Chinois Xi Jiping encadrent l’Américain Donald Trump. Derrière ce trio, on reconnaît Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Jair Bolsonaro (Brésil), Viktor Orban (Hongrie), Mohamed ben Salman (Arabie saoudite), Matteo Salvini (Italie), Rodrigo Duterte (Philippines) et l’inénarrable Kim Jong-un (Corée du Nord).

On pourrait relever, à juste titre, qu’aucune femme ne figure dans cet aréopage de bonshommes aux mines patibulaires animés par le mêmes sentiment d’impunité . Mais un autre commentaire nous vient immédiatement à l’esprit : il n’y a pas d’Africains parmi eux.

Certes, si l’échantillon avait été élargi, auraient pu y être intégrés quelques personnages qui ne s’encombrent guère de précautions avec les droits de l’homme tels, dans le nord du continent, l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le Soudanais Omar el-Béchir. Au sud du Sahara, et pour s’en tenir aux pays d’une certaine taille, la liste des dirigeants peu recommandables pourrait inclure le Congolais Joseph Kabila ou le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa.

Mais le temps est loin où le continent africain se distinguait par ses dictatures ubuesques. On a, Dieu merci, oublié ces années sombres où Idi Amin Dada en Ouganda, Jean-Bedel Bokassa en Centrafrique, Hissène Habré au Tchad ou encore Sani Abacha au Nigeria faisaient régner la terreur dans leurs pays respectifs, qu’ils pillaient sans vergogne.

Alors que ce même Nigeria a trouvé ou plutôt retrouvé une vie démocratique à peu près convenable, l’Afrique du Sud s’est dotée il y a peu d’un président autrement plus présentable que le corrompu Jacob Zuma en la personne de Cyril Ramaphosa. Tandis que, plus au nord, en Éthiopie, le nouveau Premier ministre Abiy Ahmed fait souffler un vent de réformes et de libertés inattendu.

Certes, tout ne va pour le mieux en Afrique, mais les progrès accomplis en matière de démocratie depuis une vingtaine d’années méritent d’être soulignés. Comme disait la mère de Napoléon Ier lorsqu’elle se félicitait des exploits de son fils : « Pourvu que ça dure ! »

Dominique Mataillet.

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