Le turc, langue européenne officielle ?

Le turc sera-t-il un jour prochain une langue officielle de l’Union européenne ?

Oui, serait-on tenté de répondre, lorsque la Turquie deviendra membre de l’organisation régionale. En fait, cela pourrait se faire avant si Bruxelles accédait à la requête de Chypre. En février 2016, le président Nicos Anastasiadis a officiellement demandé que le turc soit reconnu comme la 25e langue officielle de l’Union. Non pas par amour pour cet idiome, mais pour faciliter la réunification de l’île et le retour dans l’orbite de Nicosie des 300 000 habitants de la République turque de Chypre du Nord qui a fait sécession en 1974.

La cause sera toutefois difficile à défendre. Un changement du régime linguistique de l’UE ne peut se faire qu’à l’issue d’une décision unanime de ses vingt-sept membres (le Royaume-Uni étant désormais hors-jeu). Ce qui est loin d’être acquis. Des pays comme la Hongrie et la Slovaquie, dont la conception de l’européanité est pour le moins restrictive, s’y opposeraient probablement. En outre, les relations actuelles entre Bruxelles et Ankara étant pour le moins tendues, on ne voit pas ce qui pourrait inciter les Européens à faire ce cadeau au président turc Recep Tayyip Erdogan.

L’aspect financier est également à prendre en compte. Ajouter une nouvelle langue alourdirait encore un peu plus le coût des services de traduction et d’interprétariat de l’UE. Les combinaisons de langues passeraient de 552 à 600, pour un coût supplémentaire de 37 millions d’euros par an.
On pourrait ajouter qu’accorder un statut de langue officielle au turc ouvrirait la voix à la reconnaissance d’une multitude d’autres langues – le kurde, l’arabe, l’albanais, le mandarin…- parlées par des Européens originaires de pays tiers.

Dominique Mataillet

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