Lecture – Jack London prend la mer

Dans une rentrée littéraire dominée, au rayon bande dessinée, par le tome 21 des aventures de Largo Winch – en attendant les deux mastodontes d’octobre que seront le tome 28 de l’inusable saga américaine Walking Dead et, surtout, le probablement très médiocre Astérix et la Transitalique pévu le 19 octobre – la tentation est grande de fuir ces best-sellers souvent décevants pour aller fureter du côté des albums originaux.

Jack London, Arriver à bon port ou sombrer en essayant, de Koza, éd. Le Lombard

C’est précisément ce que propose Koza avec son Jack London. Sous-titré « Arriver à bon port ou sombrer en essayant », ce volumineux (160 pages) « roman graphique », pour reprendre la pompeuse appellation en vigueur depuis quelques années, retrace un épisode précis de la vie du grand écrivain américain : sa tentative de tour du monde à la voile débutée en 1907.

Très rapidement, le périple s’avère plus compliqué que prévu. London, de son propre aveu, ne connaît rien à la navigation mais est parti du principe que ce n’était sans doute pas bien sorcier. Outre son épouse, Charmian Kittredge, l’équipage est donc composé de copains et de marins plus ou moins improvisés, recrutés au gré des rencontres. Naturellement, les déboires s’accumule et, plusieurs fois, on croit le Snark perdu en mer. London découvre d’ailleurs lors d’une escale que sa banque, le croyant mort, a tout simplement gelé ses avoirs, ce qui l’oblige à faire un aller-retour express aux Etats-Unis pour rétablir la situation.

Koza, l’auteur de l’album, a derrière lui une quinzaine d’autres titres dont une biographie polémique de Nietzsche réalisée en collaboration avec Michel Onfray. D’emblée, on comprend que ce nouveau projet se veut ambitieux. Trop, peut-être. Grosse pagination, graphisme assez particulier (on a parfois de la peine à distinguer les personnages les uns des autres) et utilisation audacieuse des couleurs (plutôt réussie esthétiquement mais qui n’aide pas toujours à la lisibilité).

Le scénario, lui, mêle vérité historique et fiction en s’inspirant parfois du roman – partiellement autobiographique – de Jack London, Martin Eden. Koza, enfin, affirme dès la préface que son projet était, aussi, de montrer que derrière la façade de l’écrivain socialiste, il y avait un homme bien moins que parfait, n’hésitant pas à rudoyer son équipage ou à se montrer parfois pingre, parfois injuste.

L’album peut décevoir. Le site internet de référence ActuaBD parle d’ailleurs de « naufrage », ce qui est un peu sévère. Ce Jack London reste un beau livre et un récit de voyage distrayant et intéressant. Reconnaissons toutefois qu’à choisir, l’œuvre de Jack London a donné lieu, ces dernières années, à quelques adaptations graphiques plus réussies. On conseillera en priorité le récent Construire un feu, de Chabouté, et surtout le superbe Le loup des mers, de Riff Reb’s.

Olivier Marbot

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