Mesdames les maires.

Son nom ? Soham El Wardini. À 65 ans, elle est devenue maire de Dakar le 29 septembre. Auparavant première adjointe, elle succède à Khalifa Sall, incarcéré depuis mars 2017 et récemment condamné à cinq ans d’emprisonnement pour « escroqueries portant sur des fonds publics ». À quelque 3 700 kilomètres (à vol d’oiseau) de là, une autre femme, Souad Abderrahim, 53 ans, membre du bureau politique du parti islamiste Ennahdha, avait elle aussi accédé, le 3 juillet, à la tête d’une capitale africaine, Tunis.

Ainsi, sur le continent africain, les femmes investissent peu à peu l’ensemble des bastions masculins. On en trouvait déjà deux aux commandes de grandes villes : Patricia de Lille au Cap et Zandile Gumede à Durban.

Ce mouvement vers l’égalité entre les genres n’est pas propre à l’Afrique. Il s’apparente même à une vague de fond mondiale, puisque l’on trouve à ce jour des femmes à la tête de Washington, San Francisco, Seattle, La Nouvelle Orléans (Etats-Unis), Tokyo, Yokohama (Japon), Hong Kong (Chine), Melbourne, Sydney (Australie), Montréal (Canada), Santiago (Chili), Madrid, Barcelone, Cordoue (Espagne), Rome (Italie), Stockholm (Suède), Varsovie (Pologne), Sofia (Bulgarie), Bâle, Zurich (Suisse) et, bien sûr, Paris. (Cette liste n’étant en rien exhaustive.)

Diriger une grande ville, ce n’est pas une sinécure. Probablement est-ce plus délicat que d’être ministre, où l’on est souvent bien au chaud à l’intérieur d’un gouvernement. Le premier magistrat de la commune, lui, avance à découvert. Il prend des coups, et il suffit de voir les attaques dont la maire de Paris est l’objet pour en avoir une idée. Mais le poste peut être un tremplin vers de très hautes fonctions. Jacques Chirac, maire de Paris de 1977 à 1995, en sait quelque chose.

Souvent à la traine en matière de parité, la France a fait des progrès dans le domaine politique, notamment à l’Assemblée nationale et, surtout, au gouvernement, où l’on compte autant de femmes que d’hommes. Qu’en est-il dans la direction des grandes cités ? Tout le monde a en tête Paris et Lille, commandées de main de maître (de maîtresse ?) par Anne Hidalgo et Martine Aubry. Mais Nantes, Rennes, Amiens, Avignon, Aix-en-Provence, Calais, Mulhouse et nombre d’autres villes moyennes, y compris dans l’outre-mer, à Nouméa, Basse-Terre et Cayenne en particulier, ont à leur tête une maire.

On est cependant encore loin du compte. À l’issue des municipales de 2014, on ne comptait que si 6 femmes sur les 41 maires de villes de plus de 100 000 habitants. Moins de 15 % …

En espérant que les élections de 2020 marqueront une étape importante vers la parité, une question demeure. Comment appeler ces dames ? Madame le maire ? Madame la maire ? Madame la mairesse ?

Dominique Mataillet.

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