Les 4% de Donald Trump

Dans le cadre du sommet de l’Otan organisé le 11 juillet à Bruxelles, Donald Trump a demandé aux pays alliés d’augmenter leurs dépenses de défense à hauteur de 4% du PIB. Est-ce bien raisonnable, mais surtout, est-ce vraiment nécessaire ?

 Les gens sont méchants. Il n’est pas vrai qu’avec ses tweets le merveilleux président que les Américains se sont donné commente tout à tort et à travers. La preuve : il n’a pas oublié de célébrer la victoire de la France en finale de la Coupe du monde de football.

Malheureusement, ses interventions au cours de sa campagne européenne de la semaine dernière sont plus discutables. Ses remontrances à Theresa May sur la façon dont elle mène les négociations du Brexit sont inadmissibles pour les Anglais et même pour tous les Européens. Etant l’invité officiel de la Première ministre, il s’est permis devant elle de vanter les mérites du ministre des affaires étrangères qu’elle venait quasiment de limoger pour incompatibilité majeure de vision politique. Et pour que les choses soient bien claires, il a tenu à préciser que ce ministre déchu ferait un excellent Premier ministre ! Je ne me souviens pas d’une telle ingérence officielle dans les affaires intérieures d’un pays réputé ami. Je n’ai aucun souvenir d’une telle goujaterie. L’absence de réaction de Mme May peut s’interpréter de deux façons : soit elle s’est couchée devant la toute puissance du maître du dollar, soit elle a, une fois encore, démontré la valeur du légendaire flegme britannique. J’aime mieux la deuxième version.

Les remontrances du même Donald devant tous les hauts responsables de l’OTAN ne relève pas de la même impolitesse mais pose un autre problème. Majeur. Pourquoi tous ces Présidents et autres Premiers ministres vilipendés par D.Trump se sont-ils couchés ? Pourquoi tous ont répondu : « Oui, Monsieur le Président, nous ne dépensons pas assez pour notre défense. Oui, Monsieur le Président, nous allons nous efforcer de suivre votre exemple. Certes, nous aurons du mal à nous rapprocher de votre modèle. Certes nous aurons du mal à consacrer, comme vous, 4% de notre PNB à la défense. Mais, promis-juré, nous arriverons très vite à 2%. »

Pourquoi personne n’a demandé : « Pour faire quoi, Monsieur le Président ? Pour nous défendre contre qui ? Les Russes ? Allons donc ! Même sans vous, les Européens dépensent beaucoup plus qu’eux pour leurs armées. Les Chinois ? D’accord ils sont nombreux mais chaque Chinois dépense beaucoup moins pour sa défense que l’Européen moyen. Et puis comment pourraient-ils venir chez nous en Atlantique Nord ? En bateau ? A travers les steppes de l’Asie centrale ? Allons donc ! Alors pour faire quoi, Monsieur le Président ? Ne serait-ce pour aller aider Israël contre l’Iran ? Avec les conséquences que tout le monde connait, vos prédécesseurs ont entraîné nombre d’entre nous dans un conflit du même type contre l’Irak : même preuves inventées, même danger mortel supposé pour les Israéliens. Alors non, Monsieur le Président, il faut trouver autre chose. Les terroristes ? Allons donc ! Ce ne sont pas les milliers de milliards de dollars que vous réclamez qui vont changer la donne. Autre idée : ne cherchez-vous pas à nous vendre vos F-35, vos drones, vos missiles … de défense bien sûr ? »

Pourquoi tous ces Présidents, tous ces Premiers ministres se sont-ils couchés? Par peur du maître du dollar ? Par flegme de type britannique ? J’espère qu’en pensant à leurs parlements qui seuls votent les lois de finances ils se sont dit plutôt:

« Cause toujours Donald ! »

Etienne Copel

 

2 Commentaires

  1. Ou en est le projet d’union européenne de la défense s’appuyant sur une force commune d’intervention et permettent, le cas échéant, d’agir de façon autonome – sans solliciter l’aide américaine ?

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