Exposition Zao Wou Ki, Paris, jusqu’au 6 janvier 2019.

Y a-t-il quelque chose de commun entre l’équipe de France de football, championne du monde et l’école de peinture de Paris ?

Il y a en fait deux moments picturaux qui ont ainsi été baptisés « Ecole de Paris » parce que les peintres qui la composaient ont travaillé et exposé à Paris. La première, certainement la plus prestigieuse, se déroula au début du XXéme siècle avec des noms aussi prestigieux que Picasso, Matisse, Braque, Modigliani.

La seconde Ecole de Paris se manifesta dans les années 50, école de peintres abstraits comme Estève, Manessier, Pignon. Dans ce mouvement est venu s’insérer un peintre chinois Zao Wou Ki (1920-2013)

Pour revenir à l’audacieuse question de départ, ces préliminaires nous permettent de répondre par l’affirmative. Les écoles de Paris comme l’équipe de football victorieuse sont composées de talentueuses personnalités venues des quatre coins du monde. Des immigrés, quoi ! C’est apparemment une loi du genre, chaque fois que la France parvient à mêler sur son sol de tels talents avec ceux qui incarnent ses propres traditions, elle devient le centre du monde.

Le musée de la Ville de Paris a donc eu l’idée rafraichissante en ce juillet caniculaire de nous présenter une grande exposition du peintre chinois Zao Wou Ki, exposition qu’il ne faut pas rater.

Zao Wou Ki arrive à Paris en 1948, accompagné de sa jeune femme Lau Lau. Fils de banquier, il s’oriente très tôt vers la peinture, suit les cours des beaux-arts en Chine, subissant profondément une double influence : celle de la peinture chinoise et celle des impressionnistes français, de Cézanne et de Matisse en particulier. Tout son art oscillera au cours des années entre ces deux pôles.

A Paris, il se lie d’amitié avec le poète Michaux, le musicien Varèse, le peintre Soulages. Musique, poésie l’inspirent autant que la peinture.

Ses premières œuvres sont figuratives, marquées par Matisse, et l’on regrette que les commissaires de l’exposition n’aient pas jugé bon de présenter quelques-unes de ses premières toiles comme cela avait été fait pour le grand peintre abstrait Rothko.

Mais bientôt, ZWK s’oriente vers la peinture que certains – mais pas lui- qualifient d’abstraction lyrique, en même temps qu’il choisit de très grands formats. Ces tableaux sont comme des paysages où les marines d’un merveilleux bleu alternent avec de somptueuses terres de Sienne rehaussées d’or. Devant ces grands paysages, on ne peut que se laisser entrainer dans une méditation où le regard se promène et se repose un instant.

Les tragédies de sa vie sont là, l’exil se manifestant par des sortes d’idéogrammes, le départ de Lau Lau, son remariage puis la mort de sa femme.

La peinture de ZWK jouit aujourd’hui d’un immense prestige et ses tableaux atteignent une côte très élevée.

Gérard Haddad

Musée d’art moderne de la ville de Paris

12-14 avenue de New York 75116 Paris
Tél +33 1 53 67 40 00

Ouvert du mardi au dimanche de  à 
Nocturne le jeudi jusqu’à 

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