CONTRAT RAFALE INDIEN: des coïncidences bizarres!

Commençons par un peu d’histoire. En 2016, peu après son arrivée au pouvoir, le nouveau Premier ministre indien Narenda Modi annonce que l’Inde a décidé de commander 36 Rafale à la France. Un contrat qui arrive à point nommé. Vous avez dit bizarre?… Comme c’est bizarre!

Cette excellente nouvelle est saluée par le président Hollande et toute la classe politique française car la commande est ferme et n’exige pas la fabrication des avions en Inde. Certes, pour l’industrie indienne, il y a des « compensations » à prévoir sous forme d’investissements: plus de 50% du contrat de 7 milliards. Mais personne ne se plaint : l’important est de pérenniser la chaîne du Rafale, de préserver les compétences et de garantir l’emploi.

Personne ne se plaint … en France. En Inde il en va différemment : le parti du Congrès dirigé depuis des lustres par la famille Gandhi se demande pourquoi le groupe public Hindoustan Aeronautics Limited n’a pas été choisi pour recevoir les compensations industrielles. Au fil des mois, les critiques se font de plus en plus virulentes car l’entreprise choisie par Modi : Reliance Defense n’a aucune compétence en matière aéronautique. Elle a été créée pour l’occasion par le milliardaire indien Anil Ambani, ami très proche du Premier ministre.

L’affaire reste purement indienne jusqu’au 31 août 2018 lorsque le Indian Express révèle que Julie Gayet, la compagne du président a bénéficié d’un financement indien majeur pour sa société de production Rouge International qui cherchait alors à produire « Tout la haut », film sur le snowboard au sommet de l’Everest, qui est sorti sur les écrans en décembre 2017. Problème : la presse indienne note que le financeur est Anil Ambani et que ( coïncidence?) le contrat a été signé deux jours avant que le président Hollande vienne signer «  l’accord de partenariat visant à fournir à l’Inde 36 avions de combat Rafale ». Depuis, Julie Gayet a tenu à préciser que c’est la société My Family coproductrice du film et non sa propre société qui a négocié le contrat de cofinancement avec la société d’Anil Ambani. Cette précision ne calme pas du tout le Parti du Congrès qui affiche encore plus sa colère quand François Hollande déclare à Mediapart la semaine dernière : «  Nous n‘avions pas un mot à dire à ce sujet… Nous avons pris l’interlocuteur qui nous a été donné. C’est le gouvernement indien qui a proposé ce groupe de services et Dassault qui a négocié avec Ambani ». Pour Gandhi, bien sûr, cette déclaration prouve que c’est bien Narenda Modi qui a imposé son ami Anil Ambani pour le sauver de la faillite et il ajoute : « Le Premier ministre a trahi l’Inde »

Résumons : Narenda Modi voulait un contrat majeur pour sauver son ami : il l’a obtenu. Mais, accusé de trahison, sauvera-t-il sa tête ?

François Hollande voulait un contrat ferme pour ses Rafale : il l’a obtenu. Julie Gayet voulait un contrat pour financer son film : elle l’a obtenu. Va-t-on leur reprocher d’avoir inventé une nouvelle forme de rétro commission ? Peut-être.

Quant à Dassault il a obtenu son contrat ferme mais gageons qu’il aura du mal à se bien positionner pour le contrat de 110 avions de combat supplémentaires que propose l’armée de l’air indienne et pour lequel il doit faire face à cinq autres concurrents.

Etienne Copel.

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