Au revoir James et merci !

« Mon général, que pensez-vous de James Mattis ? ». Problème : je n’ai pas grand-chose à répondre au directeur de La Revue qui me pose la question au cours d’un comité éditorial au printemps 2017. « Vous devriez vous renseigner : je crois que c’est un personnage intéressant ».

Quelques semaines plus tard, je publie un long article sur ce « Guerrier à la tête du Pentagone ». Et je me pose la question : va-t-il être dangereux ? Sachant qu’il avait eu des difficultés avec le président Obama à propos de l’Iran, je me demande s’il ne va pas en rajouter par rapport aux velléités guerrières de Donald Trump contre le régime de Téhéran et s’il ne va pas être plus « trumpien » que Trump.

Les premiers mois du général Mattis confirment mes inquiétudes : Dexter Filkins le fameux journaliste du New Yorker écrit : « Mattis obtient de Trump tout ce qu’il veut » : des crédits militaires historiques, des renforts en Afghanistan, une intervention au Yémen contre un chef d’Al Qaïda…

Et puis, premier étonnement voilà qu’il dit au président que les Iraniens respectent le traité nucléaire et que ce traité signé par Obama engage son successeur. Mattis donne son avis mais comme il n’y a pas de sanction militaire, au moins dans un premier temps, il estime qu’il ne s’agit pas vraiment de son domaine et ne démissionne pas. Viennent ensuite les divergences à propos de l’OTAN et d’une manière générale des alliés des Etats-Unis : Mattis vante « le système unique et complet d’alliances » dont bénéficie son pays. Il en est conscient, car il ne se contente pas de lire des ouvrages de technique militaire ; c’est un lettré au sens complet du terme. Il dispose d’une bibliothèque personnelle qui ne comporte pas moins de 7000 livres ! Cela aide à comprendre la complexité du monde et à croire que les traités internationaux sont faits pour être respectés. Mais, quand le chef du Pentagone affiche régulièrement cette croyance, Trump – qui ne lit pour ainsi dire rien- s’énerve de plus en plus et en vient à tweeter, injure suprême : « Je crois qu’il est une sorte de démocrate » ! Mattis accuse le coup, mais ne démissionne pas, après tout il ne s’agit que de sa propre personne.

En revanche, quand D.Trump décide de retirer ses troupes de Syrie, le général Mattis ne peut pas rester sans réagir. Pour lui, quitter la Syrie alors que l’Etat islamique sévit encore dans le désert syrien est une erreur majeure. Et puis lui, James Mattis, s’est engagé à soutenir les Kurdes au nord de la Syrie. Alors les abandonner c’est les livrer aux mains du maître de la Turquie, c’est plus qu’une lâcheté : c’est une trahison.

Il ne restait donc qu’une solution pour l’ancien général des Marines : démissionner. Quant à moi, il me faut reconnaître que j’avais tort d’être inquiet. Un général qui sait lire n’obéit pas aveuglément.

J’aurais dû le savoir.

Etienne Copel.

 

 

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