Vous avez dit gilet jaune ?

Après les bonnets rouges en 2013, les gilets jaunes en 2018. La mobilisation attendue ce samedi 17 novembre, partout en France, est d’une ampleur inédite…

Pour frapper les esprits, les mouvements contestataires choisissent souvent un symbole facile à identifier. Ce fut le cas avec les chemises rouges en Thaïlande en 2006, les masques blancs d’Occupy Wall Street en 2011, les tentes à Tel-Aviv la même année ou encore les parapluies à Hong Kong en 2014-2015. Sans compter les roses de Géorgie en 2003, les tulipes du Kirghizistan en 2005, l’érable au Québec en 2012 et, assez longtemps avant, les oeillets rouges au Portugal en 1974.

Dans la gamme vestimentaire, on ne saurait oublier les sans-culottes parisiens de 1789 qui, on le sait, n’allaient pas les fesses à l’air, mais portaient un pantalon rayé au lieu de la culotte courte avec des bas, tenue ordinaire des nobles et des bourgeois à l’époque. Le vrai emblème des révolutionnaires français, toutefois, c’était une coiffure, le bonnet phrygien, emprunté comme son nom le suggère aux Grecs anciens, souvent de couleur rouge et agrémenté de la célèbre cocarde bleu-blanc-rouge.

Pour en revenir au mouvement de révolte qui fait l’actualité aujourd’hui, on comprend le symbole du gilet jaune. Il s’agit de l’accessoire de sécurité que tout automobiliste doit posséder et qu’il utilisera dans le cas où il sera obligé d’arrêter à l’improviste son véhicule et d’en sortir. Il représente aussi, bien sûr, l’accumulation des contraintes réglementaires et fiscales qui pèsent sur les automobilistes.

Reste un détail (mais on sait que le Diable est dans les détails) : le jaune. Dans le monde des couleurs, elle est la plus mal considérée. Du moins en Occident. Certes, elle symbolise la lumière et la vie. Mais ses caractères négatifs l’emportent largement sur les positifs. Associée à la maladie, elle est, surtout, synonyme de trahison et d’infamie. C’est la couleur de la robe de Judas, accusé par les chrétiens d’avoir livré le Christ à ses ennemis, les Grands Prêtres de Jérusalem. Celle dont on marquait les bagnards et les prostituées. Celle aussi que les nazis avaient choisie pour l’étoile à six branches qu’ils obligeaient les juifs à coudre sur leurs vêtements.

Dans la culture populaire, le jaune, c’est encore la couleur dont on affecte les briseurs de grèves et les maris trompés.

Si, avec cela, vous avez encore envie d’enfiler un gilet de cette couleur…

Dominique Mataillet

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