Un désolant silence…

La Knesset a adopté le 18 juillet un projet de loi controversé, définissant Israël comme «l’État-nation du peuple juif» et établissant notamment l’hébreu comme seule langue officielle…Le monde entier réagit. En France: motus et bouche cousue !

La loi dite de l’Etat nation que Netanyahu et ses complices ont fait passer à la Knesset avec valeur constitutionnelle, loi que certains nomment « loi scélérate » ou «  loi apartheid », loi qui fait de tout israélien non-juif un citoyen de seconde catégorie, a suscité en Israël un petit séisme. Ses écrivains les plus éminents, plus de cent, parmi lesquels Amos Oz, David Grossmann, A. B. Yehoshoua ont lancé une déclaration exigeant l’abrogation immédiate de cette loi. Des officiers druzes ont démissionné de l’armée qu’ils ont jusqu’ici servi jusqu’au sacrifice suprême et demandent à leur communauté de ne plus servir dans l’armée. Un député arabe du parti sioniste a démissionné du parlement. Le célèbre écrivain Yuval Harari auteur d’« Homo sapiens », vendu à des millions d’exemplaires, a refusé de participer à la manifestation en son honneur organisée par le consulat israélien de Californie.

Pour cette élite avertie, cette loi est une sorte de mise à mort de la démocratie israélienne déjà bien mal en point. Pour eux, Israël, désormais « trumpisé », est en danger. Deux ministres, pas spécialement modérés, ont reconnu qu’une erreur a été commise et qu’il fallait déjà amender cette loi. Fureur du caudillo de Césarée ! On ne touche pas à sa loi.

Face à cette levée de boucliers, que constate-t-on en France parmi les intellectuels juifs, si prompts à soutenir Israël, parmi les autorités religieuses et communautaires ? Un silence total. Où sont-ils ces défenseurs des droits de l’homme, ces drogués à la pétition à sens unique ? Ces anciens gauchistes convertis au culte de Netanyahu ? Les BHL, Finkelkraut, Bruckner, Enthoven et consorts ? Absents ! Pas un message de soutien à leurs collègues israéliens ? Non, Rien ! Silence, on bronze.

Tous ces esprits prometteurs dans leur jeunesse de la rue d’Ulm ont sombré dans le grand abime où mène inexorablement la fascination nationaliste et chauvine. A moins que l’âge, ce fameux grand naufrage, ne leur aie ôté l’ambition intellectuelle de leurs vertes années. Ou leurs mauvaises références. Que n’ont-ils écouté la grande voix de Leibowitz qu’ils ont boycotté, ils seraient aujourd’hui plus présentables !

Gérard Haddad

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