Trump, l’interventionniste malgré lui

Les derniers présidents américains avaient tendance à s’appuyer sur les droits-de-l’homme pour justifier les interventions extérieures, notamment les changements de régime. Si Trump ne s’inscrit pas dans cette continuité, la lutte anti-terroriste l’oblige à mettre en sourdine son anti-interventionnisme affiché durant sa campagne.  

«  La diplomatie de Trump marquée par l’isolationnisme » Ainsi titrait Le Monde, le 9 novembre 2016, à la fin de la campagne électorale américaine. Les propos du candidat fustigeant les interventions militaires passées semblaient sans ambiguïté à l’époque. Je me souviens même d’y avoir cru, en pensant d’ailleurs que ce ne serait pas obligatoirement mauvais pour la cohésion européenne. Un an plus tard la réalité est quelque peu différente.

Aujourd’hui, au moins 240 000 militaires américains sont déployés dans au moins 172 pays. Pourquoi « au moins » ? Tout simplement parce que très exactement 37 813 militaires sont affectés dans des lieux que le Pentagone qualifie tranquillement « d’inconnus (unknown) ». Secret oblige. Gageons qu’ils ne sont pas tous au Maryland ou en Floride.
Tous ces militaires ne sont pas en « Opération ». Certains sont déployés chez des pays-amis, pour les protéger : 40 000 au Japon, 36 000 en Allemagne, 23 500 en Corée, 8 000 au Royaume-Uni et près de 1 500 en Turquie.

Une opinion américaine moins isolationniste

Restent 167 pays. Parmi ceux-ci, de très nombreux Etats africains comme la Somalie où l’engagement des GI est de plus en plus important. Pendant toute sa campagne électorale Donald Trump a affirmé qu’il s’était toujours opposé à la guerre en Irak. Aujourd’hui, il est prouvé que ces déclarations sont fausses. Quoi qu’il en soit, Trump se réjouit aujourd’hui du succès de ses troupes en Irak et en Syrie contre Daech.

En mars dernier, il a déclaré à un groupe de sénateurs : « Nos soldats se battent comme ils ne l’ont jamais fait auparavant. » Manifestement, le président américain veut avoir sa part de gloire dans l’effondrement militaire de l’Etat islamique. Et il voit bien que l’opinion américaine n’est plus opposée à ces interventions extérieures : il y a peu de morts et ce sont uniquement des professionnels : des « volunteers ».

L’Afghanistan est le théâtre d’opérations qui a le plus coûté aux Etats-Unis depuis le début du siècle : 2 400 morts, 20 000 blessés et 110 milliards d’aides à la reconstruction engloutis. Quelque 8 400 soldats américains servaient en Afghanistan au début de l’année, mais à Fort Meyers, en août, le président a déclaré : « Mon instinct initial était de les retirer, mais les décisions sont différentes lorsque vous êtes dans le Bureau Ovale ». Résultat : près de 4 000 militaires supplémentaires sont en cours de déploiement.

Le président Trump fait-il bien de renforcer ses déploiements de troupes à l’étranger ? On peut en discuter. Mais, ce faisant, il est en train de prouver, au moins, qu’il peut changer d’avis. Compte tenu des insanités proférées au cours de sa campagne, on ne peut que s’en réjouir. Trump semble capable de « s’adapter aux circonstances ».

Pour un certain Charles de Gaulle, c’était la qualité première. De là à penser que le général aurait été « trumpiste » il y a quand même loin !

Général Etienne Copel

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