Quid des centres d’accueil de migrants ?

Le sommet européen sur la crise migratoire convoquée en urgence qui s’est tenu le 29 juin à Bruxelles, a accouché d’un compromis sur « la création de centres d’accueil pour migrants à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne ». Ces camps doivent, selon le président du Conseil européen Donald Tusk, servir de lieu de rassemblement des migrants sauvés en pleine mer. Est-ce vraiment la solution ?

Il est vrai que l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie et la nomination de son chef Matteo Salvini comme ministre de l’intérieur a mis la pression sur l’Europe mais également sur les pays voisins, la Tunisie et la Libye, pour freiner (voire même stopper) le flux migratoire qui s’est accéléré au cours des dernières années. Et alors que la Tunisie était en train d’enterrer ses morts, suite à la tragédie survenue, début juin aux larges de l’ile Kerkennah au cours de laquelle plus de 80 migrants clandestins ont péri, il a tenu des propos peu amènes à son égard l’accusant d’envoyer ses délinquants et malfrats en Italie. «La Tunisie est un pays libre et démocratique, où ne sévit ni guerre, ni épidémie, ni famine, ni peste, mais qui ne nous envoie pas des gens respectables, mais souvent et sciemment, des taulards».  Et bien qu’il ait fait machine arrière, face au tollé soulevé par ses déclarations incongrues, il continue de prôner, l’idée d’installer des camps de réfugiés en dehors de l’Italie.

Cette question a été posée en février 2017 au chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed au cours d’une visite en Allemagne et sa réponse a été NON! La Tunisie ne pourrait pas gérer un tel flux de migrants sur son sol. Elle souffre déjà beaucoup « de ce qui se passe en Libye, qui a d’ailleurs été l’effet d’une action européenne », a-t-il souligné. Mais si la Tunisie a rejeté l’idée de camps de migrants, elle a signé un accord sur l’immigration accélérant les refoulements de Tunisiens en situation irrégulière en Allemagne et en Italie. Chaque semaine, au moins une quarantaine de refoulés sont rapatriés par vols charters.

De leur côté, les autorités libyennes, ont réagi au compromis européen, faisant savoir qu’elles ne sont en aucun cas disposées à accueillir de tels camps sur leur sol.

Les deux pays sont, pour le moment, fermes sur leur position. Il n’est pas question de céder à cette « marotte » européenne d’installer ces camps en partie au Maghreb, qui plus est en Tunisie, seul pays de la région à être engagée dans un processus démocratique.

L’inquiétude de l’Europe face au phénomène migratoire est compréhensible. Les images de pauvres hères entassés dans des embarcations de fortune, chavirant au large, sont devenues tristement légion, notamment depuis l’installation du chaos en Libye, suite à l’intervention étrangère pour abattre le régime de Kadhafi.

Or, cette Europe, n’est-elle pas responsable de l’accroissement de ce phénomène ? Si, aujourd’hui, elle se rend compte de l’ampleur des craintes que suscite l’arrivée sur son sol de vagues successives de migrants et les menaces qu’ils pourraient engendrer pour sa sécurité, notamment avec la recrudescence du djihadisme. Elle doit se rendre à l’évidence: on ne combat pas la peur par la peur et la menace par la menace. C’est-à-dire, renforcer la surveillance des frontières, renvoyer manu militari les migrants dans leurs pays d’origine, combattre les passeurs ou faire pression sur les pays de la rive sud de la Méditerranée pour accueillir ces camps de migrants, une telle politique ne saurait résoudre le fond du problème. Pas même les quotas préconisés par le président de la commission de Bruxelles Jean Claude Junker d’accorder l’asile à une certaine catégorie de migrants, selon les capacités des pays de l’Union

Brahim Oueslati

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