Pragmatisme britannique : touché ou coulé ?

Du Brexit à la Navy il n’y a qu’un pas…Eienne Copel fait un constat qui de prime abord peut faire peur mais n’est-il donc pas possible aussi d’envisager les choses sous un tout autre angle ? « Invictus » avez-vous dit ? 

Pauvre Theresa May ! Voilà des mois et des mois qu’elle répète à l’envi qu’il ne peut y avoir de frontières « dures » entre les deux Irlande et voilà des mois et des mois que ses propres ministres s’ingénient à proposer des solutions farfelues pour nier l’évidence: si on ne veut pas de frontière il faut que les régimes douaniers soient les mêmes de part et d’autre de la « frontière ». Si l’on ne veut pas à nouveau couper l’Irlande en deux il faut une zone de libre échange entre l’Union Européenne et la Couronne britannique. Theresa May a fini par le reconnaitre.

Certains en profitent pour démissionner. Ils pourront continuer à affirmer « mon » Brexit aurait permis de développer l’économie britannique loin des diktats et des interventions tatillonnes de Bruxelles. Le malheur est que ces partisans d’un Brexit dur ne pourront jamais être confondus par la réalité. Ils pourront continuer à proférer tranquillement leurs discours de repli nationaliste xénophobe. J’avoue qu’aujourd’hui j’en viens presque à regretter le retour au bon sens de la Première ministre de sa Gracieuse Majesté. Un Brexit pur et dur aurait été plus nocif pour tous mais plus dissuasif.

Beaucoup moins important que le Brexit, mais cruel signe des temps, la Royal Navy symbole de la puissance britannique se dissout. Non pas faute d’argent, mais par stupidité de choix. Quand, dans les années 1990, le gouvernement britannique a décidé de fabriquer les deux ruineux porte-avions ( PA) qui vont bientôt entrer en service, le Queen Elisabeth et le Prince of Wales, la flotte royale comprenait 35 destroyers et frégates ainsi que 12 sous-marins nucléaires d’attaque. Aujourd’hui, malgré un budget considérable, la Royal Navy n’a plus que 19 grands vaisseaux et 7 sous marins de haute performance dont la vétusté est d’ailleurs inquiétante. Les crédits sont partis vers les PA britanniques et leurs avions … américains.

De nos jours, aucun porte-avion ne peut se déplacer sans être entouré d’une « Task Force » impressionnante pour tenter de diminuer sa vulnérabilité. Il faut des navires de lutte anti-aérienne et de défense contre les sous-marins, loin devant le porte avions à protéger. Comme il faut tenir compte des indisponibilités de longue durée de tous les navires de guerre et comme la Royal Navy se doit aussi de conserver des navires de surface performants pour protéger la sortie de ses sous-marins stratégiques il devient de plus en plus clair que le gouvernement britannique n’a presque plus de navires de guerre disponibles pour tout autre mission que l’auto protection de sa flotte !

La Royal Navy, naguère reine des mers, ne pourra bientôt plus s’éloigner des côtes européennes. Ses stratèges expliquent déjà que c’est mieux ainsi à cause du renouveau de la menace maritime russe. Alors pourquoi ces porte-avions ? Pourquoi ne pas se contenter des porte-avions vraiment insubmersibles que sont les îles britanniques ?

Qu’est devenu le légendaire pragmatisme britannique ? Peut-on encore croire au génie anglais ? La réponse est oui. A coup sûr. Après Chamberlain il y a eu Churchill. Un Brexit raisonnable se profile à l’horizon, la Royal Navy se remettra de ses erreurs. Bientôt la fierté reviendra.

Dès cette semaine avec une victoire dans la Coupe du monde de football ? Pourquoi pas !

Etienne Copel

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