Pédophilie : la honte et la douleur.

En Pennsylvanie, un grand jury a révélé le 14 août, après deux années d’enquête, que durant des décennies,  301 prêtres ont abusé sexuellement de plus d’un millier d’enfants. Entre stupeur et consternation de nombreuses questions demeurent …

Le pardon des offenses fait partie des enseignements essentiels de Jésus de Nazareth. C’est une des conséquences directes de son « aimez-vous les uns les autres » qui imprègne toute sa pensée. Le malheur qui s’est abattu sur des centaines d’enfants de Pennsylvanie et des milliers et des milliers d’autres un peu partout sur la planète est venu du fait que des évêques et des cardinaux ont confondu le « je te pardonne » et le « je te mets à l’abri » c’est-à-dire « je te laisse continuer ».

Bien sûr, en se confessant, les coupables ont assuré leurs supérieurs qu’ils avaient la ferme volonté de ne plus recommencer. Et ces supérieurs les ont cru. Parce ce qu’ils étaient convaincus ou bien parce qu’ils avaient peur du scandale ? Peu importe au fond. Il est un degré de naïveté qui n’est pas plus admissible chez des responsables éclairés que la lâcheté qui étouffe. Qui enterre les dossiers comme les victimes.

Le pape François a exprimé sa honte et sa douleur. Et je suis persuadé que peu d’hommes sur terre souffrent autant que lui devant cette avalanche de crimes. Des crimes pour la plupart demeurés cachés donc impunis … jusqu’à la merveilleuse prescription qui lave, qui protège et qui permet l’oubli. Sauf si certains, comme en Pennsylvanie, se lèvent malgré les années passées.

Le Vatican a tenu à souligner que pour la plupart les crimes dénoncés par le procureur de Pennsylvanie sont des crimes anciens et que les mesures récemment prises par l’Eglise font diminuer drastiquement les actes de pédophilie commis par des prêtres. Ceci est sans doute vrai pour l’essentiel mais il importe de se souvenir que les actes de pédophilie ne sont souvent dénoncés qu’au bout de trente ans. Il est donc encore un peu tôt pour juger de l’efficacité de ces mesures. Mesures qui auraient été plus admirables si elles avaient été prises avant les pressions médiatiques au Chili, en Allemagne, en Australie, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne…

Aujourd’hui, dit le Saint Siège, l’Eglise veut « éradiquer cette horreur tragique qui détruit la vie des innocents ». Les termes sont justes et forts. On ne peut que s’en réjouir et espérer que la Curie fera effectivement tout pour « éradiquer l’horreur » et qu’elle reconnaitra enfin que le célibat des prêtres ne se trouve pas du tout dans l’Evangile. Prenant exemple sur les chrétiens orthodoxes, le prochain concile s’apprête à permettre l’ordination d’hommes mariés, c’est un bon pas. Aller plus loin, supprimer la règle du célibat, admettre clairement que les prêtres ont le droit d’aimer et de se marier serait plus fort, plus efficace et au fond plus proche de l’enseignement de Jésus.

« Aimez-vous les uns les autres ».

Etienne Copel.

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