Fanatisme : opinion libre, par Fawzia Zouari

Samuel Paty. © D.R.

Notre collaboratrice Fawzia Zouari réagit aux derniers événements qui ont coûté la vie à Samuel Paty et aux trois victimes de l’attaque dans la basilique Notre-Dame, à Nice :

 » Et dire qu’ils parlent au nom de la Vérité ! Eux par qui la Vérité revêt le visage du sang.

Le tueur de Samuel Paty, qui accuse de profaner l’islam et qui est le premier à profaner sa religion, oubliant l’un de ses plus beaux adages : « L’enseignant a failli être prophète. » Lui dont l’islam de bricolage ignore la place due à l’instituteur, au maître, au professeur, par qui les civilisations naissent et perdurent, par qui les enfants apprennent et transmettent et par qui les fenêtres s’ouvrent sur les richesses du monde.

Lui, qui parle du sacré et ignore le sacré de la vie humaine.

Et l’autre, qui affirme défendre Dieu en tuant Ses fidèles dans une église à Nice, ignorant le commandement de sa propre religion : « Tuer une âme innocente, c’est tuer l’humanité entière. »

Toux deux qui accusent de profaner le Prophète et profanent en son nom l’ensemble des humains.

Dénient aux autres la liberté d’expression et s’arrogent la liberté de tuer.

Accusent la France de haïr l’islam et haïssent en premier lieu la France et les Français, leurs valeurs, leur mode de vie, on se demande ce qu’ils sont venus faire chez eux !

Crient à l’islamophobie et sont persuadés d’appartenir à « la meilleure communauté de fidèles au monde ».

Qu’ils n’avancent pas l’argument d’avoir été choqués dans leur foi, ils sont dans un pays où la liberté est placée au-dessus des religions.

Qu’ils ne s’attendent pas à des sentiments d’empathie, de pitié, des « oui, mais… ». Car ce serait se reconnaître dans leurs convictions aux allures de crime.

Et qu’on ne nous parle pas d’un coup de folie les concernant ni de décervelage ni de gestes solitaires. C’est un programme bien précis que ces jeunes gens ont intégré dans leur disque dur, qu’ils ont appris chez les islamistes de leur espèce et qu’ils ont appliqué. C’est tout. Ce ne sont pas des tueurs malades, non, c’est un projet collectif qu’ils portent, une issue envisageable pour leurs frères militants d’un califat mondial et le résultat de siècles d’endoctrinement portant le sceau de la légalité, transcrits dans des livres qui se vendent en toute liberté dans les salons et les foires et font matière à prêches sur les tribunes des mosquées.

Je veux dire, qu’on arrête de prétendre que leur acte est étranger à toute doctrine consentie, alors même qu’il est un copier/coller de la législation de nombreux pays qui abhorrent la critique de la religion, punissent de mort le blasphème et ne manquent pas de dicter avec précision le seul rituel qui vaille contre tout homme ou femme estampillés « mécréants » : trancher leur gorge de bout en bout « mina’l -waridi ila’l-warid ». Sans compter tout les rétrogrades et obscurantistes qui, de part le monde, ont manifesté la leur adhésion à la sentence barbare.

Enfin, que leurs protecteurs cachés, inconscients ou irresponsables, cessent d’agiter l’épouvantail du Front national, du racisme, de la ségrégation religieuse ou des délires d’Éric Zemmour. Qu’ils ne me disent pas de comprendre la soi-disant humiliation qui amènerait à devenir terroristes ou que j’ai quoi que ce soit à voir avec leur crime. Qu’ils arrêtent de parler d’amalgame insinuant que les condamner serait stigmatiser les musulmans en général, je témoigne que je ne me sens aucune fraternité avec les tueurs patentés qu’ils sont, toute musulmane que je suis.

Non, je ne me sens pas le devoir de demander pardon. Parce que ce serait me reconnaître dans leur croyance à eux. Alors que j’entends me reconnaître d’abord comme citoyenne, musulmane si je veux, ce n’est l’affaire de personne, mais citoyenne d’abord, prête à défendre envers et contre tout un seul innocent menacé de mort.

Non, je ne pleurerais certainement pas sur leur sort. Je pleurerai sur celui de leurs victimes. Sur l’atteinte portée à ma représentation des Hommes libérateurs que sont les enseignants. Sur la violence qui tue des femmes et des prêtres en prière. Sur une République qui perd la main. Sur une France de plus en plus en butte aux démons de l’islamisme et qui finirait en enfer si elle cède à ceux qui croient que ces tueurs-là iraient au paradis.

Ci-contre : Fawzia Zouari.

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