De Walt Disney à à Mark Rothko, le MOMA s’expose à Paris

Dans le prodigieux voilier de verre accosté à la lisière du Bois de Boulogne par Franck Gerry, la Fondation Vuitton accueille pour quelques mois quelques-uns des chefs d’œuvre du Musée d’Art Moderne de New York, le MOMA sans doute le plus grand musée d’art moderne du monde. Peut-on rater un tel évènement ?

L’exposition de grande ampleur occupe plusieurs niveaux du musée. A priori, il parait logique de commencer par le premier niveau. Un ravissement esthétique rare. Ce sont surtout des peintres européens du début du XXe siècle qui sont rassemblés ici. Deux Cézanne à tomber à genoux avec une nature morte éclatante de vie et de couleur, un beau Picasso des débuts, un étrange Signac, des Matisse, j’en oublie, des merveilles à chaque pas dans le vaste espace qui absorbe sans se plaindre la foule des visiteurs.

Au milieu des peintures, des photos qui convainquent le sceptique que la photographie est bien un art. Le premier dessin animé de Walt Disney d’une fraicheur qui vous surprend. On s’attarde devant Un film muet où tous les acteurs sont noirs. On aimerait passer des heures dans cette salle. Mais il y a tant de niveaux à visiter.

« Ca ne vaut pas Cézanne »

On se dirige avec regret vers l’escalator. La peinture américaine nous attend. Je suis fan de Jackson Pollock, de Rothko, moins d’Andy Warhol et de sa « soupe Campbell ». Et puis il y a cette incroyable carte des Etats-Unis devenant un magnifique tableau de Jaspers Johns, la jeune fille en larme de Lichtenberg se noyant dans une fausse bande dessinée, le pop art, quoi ! Ça ne vaut pas un Cézanne mais ça se voit. Et puis on tombe en arrêt devant un panneau nous expliquant qu’enfin la peinture américaine a réussi à rompre complètement avec la peinture européenne. On allait voir ce qu’on allait voir dans les niveaux supérieurs !

Nous revoilà dans l’escalator. Au fur et à mesure que l’on gravit les étages, l’air ou l’art semble progressivement se raréfier. La beauté semble exilée dans les parois du vaisseau de verre.

Au dernier niveau, l’expérience conclusive, l’asphyxie totale. Alors on s’agrège à un petit troupeau qui attend devant la porte d’une salle où l’on n’accède que quatre par quatre. Après un quart d’heure de patience, on pénètre dans ce temple de la peinture contemporaine. Une pièce entièrement vide, d’un blanc éclatant, en arc de cercle. Une hôtesse s’approche du visiteur, l’invite à se coller à la paroi, trace un trait de crayon marquant sa taille et inscrit son prénom, et l’invite à ressortir après ce plongeon mystique dans l’art d’avant-garde.

Quand du passé on a fait table rase que reste-t-il aux générations suivantes ? Simplement la table rase et le souvenir de Cézanne.

Par Gérard Haddad

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*