« Affaires intérieures » israéliennes.

Le village bédouin de Khan Al-Ahmar, à l’Est de Jérusalem en Cisjordanie, est peuplé de moins de 200 habitants. L’Etat israélien veut les déplacer de cinq kilomètres. Les autorités européennes s’insurgent et les responsables israéliens se révoltent contre cette « ingérence flagrante » dans leurs affaires intérieures.

Un habitant de Sirius découvrant cette dispute se dirait, sans doute, que décidément cette Terre va bien. Pour qu’un déplacement aussi limité d’une aussi petite population prenne autant d’importance cela prouve manifestement que les habitants de notre planète ont bien peu de problèmes!

Qu’en est-il ? Il y a 70 ans, lors de la création d l’Etat d’Israël, les parents des habitants actuels du village ont été chassés de leurs terres du Néguev et se sont installés en ce lieu de Palestine, alors loin de toute emprise israélienne. A la suite de la guerre des « six jours », en juin 1967, la Cisjordanie est devenue un territoire occupé par Israël alors que Jérusalem Est, annexé, devenait israélien. Depuis, des colonies juives se sont installées un peu partout en Cisjordanie et tout particulièrement le long des quelques 25 km de route reliant Jérusalem à la frontière jordanienne. Au Nord de la route se trouvent les villes palestiniennes de Ramallah, Jéricho et Naplouse ; au Sud celles de Bethléem et Hébron.

Le village de Khan Al-Ahmar se trouve précisément le long de cette route et permet actuellement de relier la Cisjordanie du Nord à celle du Sud sans passer à travers des colonies juives. Le déplacement des villageois voulu par Israël permettrait d’étendre les colonies israéliennes et de couper en deux la Cisjordanie. L’Autorité palestinienne dont le pouvoir est déjà bien faible verrait ainsi son autorité encore plus affaiblie. Comment ne pas voir que ce déplacement minime, de quelques Bédouins, est une étape majeure vers l’annexion totale de la Judée et de la Samarie par Israël ?

Le 20 septembre 8 pays européens (la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède, la Pologne et le Royaume-Uni) ont signé un texte commun alertant les autorités israéliennes sur les conséquences « très graves » qu’entraînerait la démolition du village et son transfert autorisé par la Haute Cour de Justice israélienne. En réponse, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman s’est insurgé dans une missive « musclée » adressée aux huit ambassadeurs des pays signataires : « L’idée que déplacer un groupe de personnes dans un rayon de cinq kilomètres empêcherait la résolution d’un conflit si complexe est un non-sens hystérique (sic) ». Pour lui, la lettre des huit signataires est une « ingérence flagrante dans les affaires intérieures d’Israël ». Ce disant, A.Lieberman, montre que dans son esprit la Cisjordanie n’est déjà plus un « territoire occupé », relevant du droit international qui interdit tout transfert de populations. Cette terre, ancienne Judée et Samarie, est devenue tout simplement une autre partie du territoire d’Israël.

Comme l’Alsace et la Lorraine non pas occupées, mais annexées par Hitler.

Etienne Copel.

 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*