A qui le tour ?

Les chefs d'Etat africains, lors du dernier sommet de l'Union africaine

Le temps où les dirigeants africains restaient en fonctions jusqu’à la mort semble bel est bien révolu. Quand l’alternance ne se fait pas dans les urnes, c’est la rue qui en décide. Ou l’armée, qui, dans beaucoup de pays, vient rappeler qu’elle demeure la seule force organisée.

Après le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et l’Egyptien Hosni Moubarak en 2011, après le Burkinabé Blaise Compaoré en 2014, un autre dinosaure africain vient d’être poussé vers la sortie : Robert Mugabe, qui dirigeait le Zimbabwe depuis 1980.

Maigre consolation : avec trente-sept ans passés au pouvoir, Mugabe a battu le record de longévité de ses collègues déchus. Moubarak avait régné vingt-neuf ans, Compaoré vingt-sept, Ben Ali vingt-trois.

En poste depuis 1979, l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema est désormais, avec trente-huit ans de pouvoir, le doyen des présidents africains. Le suivent le Camerounais Paul Biya (trente-cinq ans), le Congolais Denis Sassou-Nguesso (trente-trois ans en deux temps de 1979 à 1992 puis de 1997 à aujourd’hui) et le Tchadien Idriss Déby (vingt-sept ans).

On relèvera que tous ces pays cités sont situés en Afrique centrale. Mais l’Afrique orientale n’est pas en reste. Yoweri Museveni fait la pluie et le beau temps en Ouganda depuis 1986 (soit trente-et-un ans) et Issayas Afeworki en Érythrée depuis 1989 (vingt-huit ans). Non loin de là, Omar el-Béchir est aux commandes du Soudan depuis 1989 également. Plus au Sud, au Rwanda, Paul Kagamé, s’il n’est formellement président que depuis 2000, est le maître du pays depuis 1994 (vingt-trois ans).

L’Afrique n’a certes pas le monopole en la matière. Le sultan d’Oman Qabus Ibn Saïd, par exemple, règne depuis quarante-sept ans. Mais, par définition, un monarque occupe son trône à vie. Charles, le prince de Galles, en sait quelque chose, qui attend que sa mère Élisabeth II trépasse pour espérer lui succéder soixante-cinq ans après son intronisation.

Dans les systèmes républicains ou prétendument républicains, la règle et le bon sens veulent que l’on ne s’incruste pas définitivement dans le fauteuil présidentiel. C’est pourtant ce que semble en passe de faire un homme comme Bouteflika, président de l’Algérie depuis 1999, soit dix-huit ans, et qui pourrait être candidat pour un cinquième mandat en 2019.

À moins que la triste fin de carrière de Mugabe ne le conduise à prendre, comme on dit, une retraite méritée.

Dominique Mataillet

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