Macron cèdera-t-il au lobby du nucléaire ?

Le général Copel discute du parc nucléaire français (BFMTV).

« Vous n’avez aucune chance de me convaincre. Inutile de discuter ». La scène se passe dans les studios de BFM télé. Mon interlocuteur est Jean-Jacques Bridey, le président de la commission défense de l’Assemblée nationale. Nous venons de débattre du « clash » entre le président Macron et le général de Villiers. Le débat ne s’est pas déroulé tout à fait comme le prévoyaient les organisateurs. En effet, au lieu  de me joindre au concert des généraux révoltés contre l’agressivité du président, j’avais rappelé, qu’à mon sens, c’était le général qui avait commencé. Quand on est à la tête des armées de la République on ne peut tout de même pas espérer dire « Je ne vais pas me laisser b… par Bercy » sans être rappelé à l’ordre par le chef des armées qui vient de nommer le ministre responsable du budget… à Bercy.

En revanche, constatant qu’effectivement les conditions de vie des militaires sont désastreuses, j’avais tenté d’expliquer que le budget des armées était honorable mais que l’on dépensait mal en donnant beaucoup trop au développement de notre arsenal nucléaire.

Cela n’avait pas vraiment plu à Jean-Jacques  Bridey. Il est persuadé, en effet, qu’il faut impérativement dépenser nettement plus encore pour le nucléaire militaire, sous prétexte qu’il faut non pas seulement le moderniser mais le renouveler entièrement.

Ce discours est celui que l’on entend aussi bien chez les socialistes que chez Les Républicains, ou au sein des différentes factions du Front National. « Les dépenses nucléaires sont inévitables. Il n’y a pas lieu de discuter. »

Alors, voilà que le prix Nobel de la paix est attribué à l’association qui vient de convaincre 122 Etats de la planète de voter pour l’interdiction totale des armes nucléaires. Peut-on traiter leur opinion par le mépris ? Peut-on continuer à dépenser toujours plus pour améliorer nos armes nucléaires ? Peut-on croire que les pays « dotés » ont tous les droits, parce qu’ils sont les plus forts ?

Entre le zéro et le toujours plus la France ne peut-elle montrer la voie du bon sens ? Si l’on en croit Monsieur Bridey, le président est convaincu par le « toujours plus ». Mais j’ai entendu aussi Emmanuel Macron dire qu’il ne céderait jamais au poids des lobbys. Le lobby nucléaire sera-t-il l’exception ? Gagnera-t-il comme toujours ?

Peut-on, au moins, espérer voir la fin du « Inutile de discuter » ?

Général Etienne Copel

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